top of page
Photo du rédacteurITER

Cahier Bleu n° 46 Morale ou éthique (2ème partie) : Bâtir la fraternité universelle.


Ce texte est présenté en trois parties pour en alléger la lecture.

Ceci est la deuxième partie, la première a été publiée antérieurement.

 

L’écrivain Albert Camus, disparu accidentellement, et trop tôt pour compenser par sa pensée l’intellectualisme totalitaire débridé qui régnait alors, est resté dans les mémoires, entre autres, pour avoir écrit cette célèbre sentence : « un homme, ça s’empêche[1] ! ».

Cet appel à la morale conduit à se poser la question : « Au fait, qu’est-ce qui fait qu’un Franc-maçon s’empêcherait, et sur quoi ? »


Le « secret maçonnique ».

On peut penser, en tout premier lieu, à s’empêcher de dévoiler le fameux « secret maçonnique ».

Cela est de notoriété publique, et cela a provoqué de la méfiance à son encontre tant de la part de certains régimes politiques que de l’Église catholique surtout, que la Franc-maçonnerie exige de chaque nouveau membre la prestation d’un serment de garder secret ce qui va lui être confié, sur ce qu’il a vu ou verra, sur ce qu’il a entendu ou entendra. C’est ce qu’en Maçonnerie on appelle : « prendre ou prêter une Obligation (solennelle) ».

Dans les pays francophones, on aurait plutôt préféré dire « prêter serment » ou « prendre un engagement (solennel) ». D’ailleurs le Rite Français, utilise les deux mots « Obligation » et « Engagement », et uniquement le mot « Engagement » dans le Rite Écossais Rectifié.

Dans le sens le plus proche de la source anglaise, « Obligation » signifie « Devoirs ». Prendre une Obligation, c’est donc accepter et observer les devoirs qu’elle impose. Et plutôt, comme nous le verrons, les devoirs que chaque Maçon s’impose à lui-même par lui-même.

Tout le monde ne peut pas devenir Franc-maçon, parce que la Franc-maçonnerie est une organisation avec des normes et des exigences plus élevées que d’ordinaire et que tout le monde ne veut pas les respecter.


L’obligation de « secret » suppose que le Maçon qui révèlerait des informations liées à l’initiation, au-delà des « secrets du Métier », non seulement trahirait son engagement, mais surtout s’emploierait à égarer son interlocuteur. Car celui-ci serait incapable d’en décrypter l’intention et encore moins d’en apprécier ou d’en comprendre le sens et le fond des termes, puisque n’étant pas lui-même Franc-maçon. N’ayant pas été intégré à cette organisation pourvue des normes et d’exigences plus élevées que d’ordinaire et que tout le monde ne veut pas respecter, il n’a donc pas bénéficié de l’instruction indispensable à la bonne lecture des textes et rituels (vocabulaire, sens des mots, origine, étymologie …). Ce dernier ne peut se sentir lié aux Maçons par une même procédure cérémonielle d’entrée dans la fraternité et par des pratiques communes  (forme) ni par le partage d’un fond commun de principes, de valeurs et, en un mot, par une Éthique universelle unificatrice. Il peut même se retourner contre la Franc-maçonnerie par ignorance de quoi on parle.


L’observation du secret, c’est-à-dire l’obligation de secret, est donc une mesure de protection vis-à-vis de l’intégrité du contenu déposé dans la Fraternité.

Alors le mot « Obligation » : une inattention de traduction ?

… non ! parce qu’un Franc-maçon, ça s’oblige !

 

Une famille unie par les mêmes valeurs, principes et pratiques.




Pour tenter d’y voir clair, il convient de remonter au XVIIIe siècle, période où la Franc-maçonnerie spéculative s’est formée. Et elle n’est pas sortie de rien ; rien ne sort jamais de rien. Tout mouvement sociologique est imprégné du contexte sociétal, politique, philosophique, religieux, idéologique, etc., de son époque.

Et au XVIIIe siècle, la Franc-maçonnerie s’est formée dans le berceau de la philosophie des Lumières et a été de ce fait fortement imprégnée des idées en cours ; elles furent amalgamées avec celles de la Renaissance finissante et des mouvements d’idées, c’est-à-dire de l’humanisme.


Le projet de la Franc-maçonnerie à l’origine était bien de créer une société fraternelle universelle, au moins dans l’espace occidental judéo-chrétien, composé de personnes étrangères les unes aux autres, voire opposées, par leurs cultures : statut social, leur religion, leurs opinions politiques, dans un but de pacifier l’humanité par la voie de l’élévation morale, civique et intellectuelle de leur être. C’était là en quelque sorte la reprise du projet du mouvement rosicrucien de la Renaissance.


Mais pour « faire famille et fraternité », il est nécessaire que tous les membres, rappelons-le tous étrangers les uns aux autres, se sentent liés a minima par une même procédure cérémonielle d’entrée dans la fraternité et des pratiques communes (forme) et un fond commun de principes, des valeurs (fond) ; en un mot, sur le fond, par un corpus de valeurs universelles unificatrices, car « partageables » sans restriction…


C’est pourquoi les fondateurs britanniques ont fait passer la Franc-maçonnerie spéculative successivement d’une société sur le modèle d’une confrérie de Métier à un Ordre de société (donc social), et donc à un Ordre doté de valeurs partagées. Et pour ce faire, ils ont intitulé le socle, le ciment commun unificateur de tous les membres de cette société fraternelle « un système particulier de morale, voilée par l'allégorie et illustrée par des symboles. » Mais s’agit-il vraiment de « morale » ?

Et c’est ici qu’intervient l’Obligation,  c’est-à-dire les devoirs du Maçon …

… oui, parce qu’un Franc-Maçon, ça s’oblige !

 

Fin de la deuxième partie.

La troisième partie « La Franc-maçonnerie : une éthique universelle »), suite et fin,

sera publiée ultérieurement.


[1] Albert Camus(1913-1960) Prix Nobel de Littérature en 1957, Le premier homme.



108 vues0 commentaire

Comments


bottom of page